jeudi 21 octobre 2010

Thierry Bicwari

: http://www.bigextracash.com/aft/b27780f3.htmlI am Thierry Bicwari, born in 1973. I am Degreed in Public Administration, stalled at the National University of Rwanda in 2000. Since 2001, I worked in the field of sport and of telecommunications, then I was recruited by the Great Lakes International Company "Oil business in Burundi".  I finally regained the world of sport in National Olympic Committee my country. Outside of my professional career, I am a man who dreams of participating in the development of my country and the world through development projects! I tried in the implementation of a project to promote agriculture and now just started a small bakery in my neighborhood. 


With my friends, Albert Habonayo & the team , we are trying to promote a new association ADELB (Association pour la Défense des Droits et l'Épanouissement des Locataires et des Bailleurs) . We hope to find support from all aver the world for this noble cause. ...


(To be continued)

jeudi 14 octobre 2010

"Les douleurs de l'enfantement" par: Thierry BICWARI

Les douleurs de l`enfantement … Victoire, victoire !

My mother land
Au Cœur de l’Afrique, Dieu plaça un beau & merveilleux pays : « le Burundi », communément appelé « pays de mille et une colline ». Dans cette petite nation en forme de cœur, se trouve la plus lointaine source du Nil, le plus long fleuve d’Afrique qui fait vivre les pays qu’il traverse et surtout le « Territoire des Pharaons » Egypte – « Don du Nil ».
Ce pays au « Tambours magiques » avait depuis longtemps connu une sécurité interne stable, puisque le Roi « Umwami », symbole de « Père de la Patrie » avait fait des Burundais un seul homme.
La diversité ethnique était la fierté et un grand avantage pour le Burundi. Au moment où le Hutu apportait ses produits agricoles, le Tutsi amenait ses produits pastoraux et le Twa « maître du fer » complétait l’harmonie de l’Economie nationale par sa contribution de forgeron et potier (…).
Le Burundi, royaume redouté dans la Région des Grands Lacs de part ses batailles de conquêtes, connut un système administrative unique « la Dynastie Ganwa » qui étonnait et qui étonne encore de part son « génie de gouverner par une structure administrative musclée & bien articulée ».
Hélas l’homme blanc arriva, le colon pénétra le territoire à prix de sang sous Mwezi Gisabo, constatant le nationalisme du Burundi et remarquant la force du système socio - politique en place,  une idée le vint : « Diviser pour régner » Il transforma la complémentarité des trois ethnies frères en dualité politique. Avantageant les uns au détriment des autres, il planta une hache de guerre parmi  Hutu & Tutsi et l’épée ne les quitta plus depuis les jours des indépendances à aujourd’hui.     
C`est dans ce pays que j`ai grandi … on me racontait souvent qu`une année avant ma naissance, en 1972, les enfants du pays, estimés à une centaine de millier avaient succombé dans une lâche guerre inter ethnique qui n`était que l`avant goût de ce qui allait exploser deux décennies plus tard (…).
Quoi qu`il arrivât, mon enfance fut paisible, jusqu`aux années 80, je n`avais jamais entendu des crépitements de balles, ni ceux de bombes …visant ses semblables, de  même langue, même coutume et partageant le même territoire depuis des siècles et depuis que le royaume du Burundi fut appelé ainsi.   
Pays des prophéties :
Comme palpitant du Cœur, le sang à travers  vaines & vaisseaux vivifie tout le corps, la paix coulera de la Source du Nil et embrasera toute l’Afrique. Se versant dans la mer du nord, il alimentera le monde du pure produit « cadeau de notre Seigneur Jésus Christ » : Peace & Love !  Et la réconciliation effective ….

A la grande stupéfaction du monde qui se demandera : « est – ce là le minable pays où les gens se coupaient les têtes comme du temps des Barbares, qui devient source de paix et référence du vrai amour » ? 

Oui en effet c’est lui ! La force émane de Dieu, et l’heure du Réveil a sonné… le Réveil a commencé au Burundi ! N’est ce pas que Dieu vient de prouver ses promesses pour cette nation : l’unité de l’Eglise au Burundi est une évidence que nul ne nierait pour le moment ! La soif de chercher la face du Seigneur à travers la prière  surtout pour la Jeunesse, n’avait jamais atteint le degré actuel dans l’histoire du Burundi. Comme il est étonnant de voir que le peuple burundais qualifié de fermé, commence à exhiber les vrais maux responsables de la souffrance & de la crise qui vient de durer plus d’une décennie. Maintenant l’on peut pousser un ouf de soulagement ! Car le nuage de la réconciliation et de la guérison du pays longtemps attendues commence à faire apparition. 

Rien d’étonnant  pour ce long parcours ! Dieu est entrain de réaliser ce qu’il avait promis pour cette nation. Les Grands de  ce monde, Mandela de l’Afrique du Sud, Nyerere de la Tanzanie sans oublier Clinton des USA qui ouvrit solennellement le Processus de Paix s’étaient énergiquement impliqués dans la résolution du conflit Burundais  et leur action fut louable ! Néanmoins, là  où ils avaient échoué, fut le point de départ pour notre Dieu, qui en laps de temps trouva la solution finale.

Ni l’intelligence, ni le génie humain, mais Dieu seul a opéré et continuera à le faire, que la Gloire soit pour lui à jamais !
Prenez garde néanmoins, car les voies du Seigneur sont souvent très étranges … Il y a des moments de confusion, ou l`on se dit : voici les moments que l`on attendait, … ouf, la prophétie se réalise enfin !  Quand j`ai été inspiré des paragraphes précédents,  le Parti des rebelles du principal mouvement combattant (CNDD) venaient de gagner les élections, sans flot de sang, mais dans un calme et succès exemplaire au yeux du monde. Qui ne fut pas enchanté de voir un même bus transportant les partisans des différents Partis en compétition pendant les meetings, chacun brandissant les couleurs de son Parti ! Ou des grandes marches de propagandes ou les membres des différents Partis se croisaient par milliers dans les rues de la Capital Bujumbura … mais sans incident  Puis la démobilisation et l`intégration de tous les cotes, toujours dans le calme inattendu. Tout ce passait alors très vite durant les premiers mois du nouveau Gouvernement. De beaux discours et des promesses qui laissaient présager l`ère meiji pour le Burundi. Des discours et des discours encore … cela commençait a être trop de promesses pour un Gouvernement n`ayant même pas fêté son premier anniversaire. Des décisions vraiment charitables sont prises par prises par le nouveau Président, a savoir : la scolarisation gratuite au niveau du primaire, puis la gratuité soins de santés         

Il était une fois, une famille paisible…
Il nous arrive souvent de nous réunir entre frères et sœurs autour d`un sujet toujours merveilleux … toujours nostalgique ! Merveilleux surtout pour les plus jeunes qui n`ont pas connus les étapes de notre belle vie en famille des années 70 et qui en sont souvent jaloux ; toujours nostalgique, pour nous les plus âgés, qui regrettent le bon vieux temps du Burundi, jadis digne de pays de lait et de miel, de PETIT-SUISSE d`Afrique :

« La vie était encore belle et facile, entre ce jeune couple rayonnant, fait de papa et maman. Mon père, jeune militaire fort, souriant, était alors sous – officier dans le Camp militaire le plus redouté de notre pays, « …eme bataillon Para ».Il avait bénéficié de la toute première formation militaire de parachutage à Kamina au Congo – Kinshasa, et il en était très fier. Il avait arrêté les avancées de Chikram le mercenaire Belge avec ses troupes de sécessionnistes congolais qui voulait fouler le sol Burundais … il avait fait la guerre des années 65, échappant de bel à la mort grâce à l`officier Hutu qui le reconnu et qui empêcha ses troupes de lui tirer dessus a bout portant pendant qu`il rampait dans un caniveau donnant sur le lac Tanganyika…Il avait fait la guerre de 72, sauvant des vies et ramenant des militaires  en désarrois à la raison … et il en était fier. Nous aimions nous placer dans un coins pour bien l`écouter, lui et ses compagnons autour d`un verre, se ventant de leurs exploits et aventures dans la pénible formation commando de Gitega et dans les grandes manœuvres de parachutage … des sauts de nuits, des sauts libres … et que sais – je encore !

J`aimais entendre ma grande sœur et mon grand frère, nous racontant des fêtes organisées dans le « Camp Bataillon Para », à l`occasion des visites du premier Président de la République, Michel Micombero. C`était une grande joie dans la caserne, on faisait un grand feu, et la nuit, le Président était là avec ses officiers … chantant, dansant, lançant des défis de bras de fer aux militaires qui se laissaient souvent faire pour lui faire plaisir … le camp s`enivrait … les meilleurs plats étaient distribués, même la viande de l`hippopotame était consommée à l`occasion … c`était la fête … la vraie fête. 

La fête continuait dans nos maisons, les couples dansaient le twist dans notre petit salon. Les danses étaient bien coordonnées, les pas bien maîtrisés, ils dansaient en croisant, les cavaliers échangeant de cavalières, … nous nous souvenons des chansons qui ne manquaient jamais au répertoire, telles que : « Comme les rois mages à Galilée » ainsi que « Sugar, sugar ».

Les soirs, j`avais habitude de me glisser parmi les hommes de troupe qui assuraient la sécurité de nos maisons toutes peintes en rouge. Je passais des heures allonger avec eux dans les petits herbes que l`on qualifierait de jardin. Leurs histoires me plaisaient, et c`étais pour moi l`occasion d`apprendre le maniement des armes sur le tas. C`était un grand secret entre nous ; secret que je dévoilai quand un jour, je pris la kalachnikov qui était dans la chambre de mon père qui dormait, la chargeai, pointant le canon dans sa direction, … je ne sais pas si j`aurais appuyé sur la gâchette pour mettre toute ma théorie en pratique,  mais il se réveilla en sursaut et d`un bond habile, il me désarma. Il ne mit plus jamais ses armes à la porté de n`importe qui (…).

Les matins je me réveillais très tôt, piquais quelques biscuits dans une grande boite en aluminium que nous avions toujours en permanence, … avantage de service, pour notre père qui était alors magasinier. Il y avait toujours le plus matinale parmi mes frères et sœurs et/ou cousines, que je trouvais entrain de picoter les biscuits, il n`y avait jamais de dispute entre nous à ce sujet, puisque le stock était toujours en abondance. 
A l`heure du petit déjeuner, au moment où ma mère s`occupait de tous les enfants écoliers, je m`éclipsais à son insu et filais dans les dortoirs de mes amis « hommes de troupes » qui dormaient sur des lits superposés. Comme un officier passant ses troupes en revue, je circulais dans toutes les rangés, les saluant un a un, jusqu`au dernier. J`aimais partager avec eux ce café dernière qualité … mais très bon, qui me brûlait et me brûlait encore, alors que des pains non moins durs m`étaient offerts en grande quantité par mes  potes. On faisait circuler des gobelets, on se partageait des pains, on causait de tout et de rien, tout le monde avait une ou deux question à me poser. Pour certains, c`était un privilège de partager avec le fils de leur Adjudant, … quelle camaraderie !

Ma tournée matinale ne s`arrêtait pas là. Je visitais deux ou trois maisons de sous  officiers, les saluant ou saluant leurs femmes. Mon circuit se terminait toujours chez monsieur le « De corps » du camp, qui me demandais toujours si maman m`avait donné le petit déjeuner, et moi de répondre chaque fois par négation. Il me laissait alors prendre place à côté de lui dans son salon plus ou moins confortable, et l`on partageait aisément le lait pasteurisé bien chauds, provenant des vaches laitière du camp, patrimoine qu`il gérait à sa guise.   Je fus très enchanté de le voir pour toute la première fois chez nous avec mes parents qui comme moi étaient aux anges, car il venait de nous offrir une vache laitière, afin que je ne manquât  jamais de lait … cadeau qui fut bénéfique pour toute la famille. 

On se remémore également des chansons que ma grande soeur et mon grand frère chantaient venant de l`école … je les connaissais par cœur car a peine avaient – ils appris de nouvelles chansons à l`école qu`ils me les apprenaient avec dévouement moi qui n`avait pas encore l` âge, ….     

Les années 70, les années de bonheur … je me souviens vaguement des temps de mutations, ou des camions militaires Mercedes/Benz se remplissaient de tout un tas de meuble constituant tout notre patrimoine. De Bujumbura à Muyinga, c`était un interminable voyage. De jour et de nuit, je trouvais le voyage si long, les montagnes et les arbres défilaient devant mes yeux …des ravins très profonds m`effrayaient.  J`en profitais au maximum pour tout découvrir, mais la nausée, puis des vomissements, tels étaient mes temps mort. Ma mère me couvrait, me serrait contre elle, et le sommeil m`emportait. Je me réveillai alors dans une chambre inconnue, dans un lit et dans des draps inconnus … avec plus de confort que d`habitude. On me réveillait pour prendre mon souper dans un salon rempli des odeurs apetissant …j`appris alors que nous étions dans une auberge, dans un coin perdu et que nous continuerons notre voyage très tôt le lendemain matin.

Le matin, la nature était si beau … le climat tout a fait autre …Avec le froid inhabituel, mes dents cliquetaient, alors que le vrombissement du camion avant le départ attirait l`attention des paysans qui balançaient leurs mains en l`air en signe d`au revoir. Cette scène était déjà nostalgique pour moi, car je savais que je ne les reverrais plus jamais.

Le temps passé au camp militaire de Muyinga fut très court. Je m`habituais vite, et  gagnais de plus en plus d`amis militaires. Mon père souvent en missions, passait des moments très courts à la maison. Il nous manquait … et nous étions toujours aux anges quand il retrait en tenue de combat, portant plein de trucs emballés qui attiraient plus notre attention. Ma mère heureuse, s`occupait de lui pendant que nous vérifiions le contenu de chaque colis (…).

           

Struggle for life
« Nous avions grandi comme d’autres enfants de ville, dans l’aisance, dans la simplicité et sans manquer de quoi que ce soit …. Nos parents nous aimaient et nous protégeaient, tels des poussins dans les ailes de leur mère !  Tout à coup, de 1990 à 1993, nos piliers s’écroulèrent, la mort entra dans notre famille …  nous fûmes orphelins de père et de mère… la vie bascula. Depuis, nous apprîmes à vivre par la grâce, la main forte du seigneur nous guidait  du jour au lendemain …. »
J’aimais dire à ma chère mère : « Tu ne mouras pas » ! Sincèrement  je n’osais croire une seconde que je pouvait vivre loin d’elle… je la croyait immortelle ! C’est comme cela que nous tous les enfants considéraient notre mère …. Quant à Papa, il était un pilier qui ne s’écroulerait jamais et sur qui la famille tirait toute force et confiance …. Comme nous étions dupe !
Un matin du lundi 18 septembre 1990,  quelqu’un toqua fortement à la porte. Il était environ 3 h 00’ du matin. Je me réveillai en sursaut et senti mon cœur se déchiré en deux, tel un couteau qui le transperçait. Mon intuition me dit que c’était ma grande  sœur qui toquait. Mais à cette heure !  Alors qu’elle gardait ma mère hospitalisait à l’hôpital militaire … Oh mon Dieu ! Serait- ce ma mère qui vient de rendre son âme ! Je n’osai  pas me rendre au salon quand quelqu’un ouvrit la porte. Je m’efforçai  de ne pas percevoir la conversation de ma sœur avec mon cousin qui lui avait ouvert la porte…. Seulement je pus entendre ma sœur dire : «  elle est morte en souriant, elle avait une joie immense …» 
Je tombai en sanglot, le monde s’effondra, mes forces se vidaient de mon corps …. Cette nuit là, tout le monde se réveilla en deuil… je n’avais jamais connu moment pareil dans ma vie. Mon père qui était affaibli par une longue maladie se réveilla et demanda à ma sœur : «  Aline, est ce que Marie est morte ? »,  Il pleura ouvertement devant tous les enfants… c’est à ce moment que je réalisai combien il l’aimait;  lui que nous n’avions jamais vu pleurer…. ce vaillant militaire qui avait surmontait plein d’obstacles dans sa vie ….
La mort de notre mère nous changea, la famille devint  plus soudée  de peur de perdre un autre membre, surtout notre père sur qui nous veillions tous farouchement !
Notre père devint désormais plus proche de nous. Des soirées de réunions en famille, pendant lesquelles des conseils et des notions du savoir vivre nous été donnés se multiplièrent. Il ne voulait plus sortir seul, nous étions souvent ensemble ; il en profitait pour nous présenter ses nombreux amis et autres membres de famille élargie que nous ne connaissions pas.
Il savait ce qu’il préparait en essayant de précipiter notre maturité…..son tour de terminer son voyage sur terre approchait … lui le sentait, quand nous, nous restions ignorants.
Voilà   qu’un matin de 1993, vers 10 h 00’ je pus me souvenir des mots de notre seigneur Jésus Christ à Golgotha, et je les fis miens : « Eloi, Eloi, lama sabachtani » (Marc 15 : 34 ). Là, sur un lit de la chambre du Clinique Prince Louis Rwangasore, mon père agonisant, donnait ses dernières instructions à mon oncle qui suivait ses gestes en pleurant…
En direct, je vis comment mon père luttait contre la mort qui l’étouffait, c’était tellement horrible !  A ce moment, la peur que je sentis fut indescriptible …  mes frères & sœurs et moi étions tous comme des poussins en débandade ! Désespéré à jamais, je commençai à douter de l’existence de Dieu ! Quand j’entendis que les vielles dames  s’apprêtaient  à appeler le Prêtre, je compris que mon père devait absolument rejoindre ma mère … et je quittai l’hôpital prêt à exploser …. « Illusions perdues, illusions perdues ! » : répétais – je  au fond de moi même, car j’avais promis beaucoup à mes parents, quand j’aurais terminé mes études …
N’est ce pas Esaie d’écrire : « l’année de la mort du Roi Ozias, je vit le Seigneur assis sur le trône très élevé » : (Esaie 6 : 1 )
La mort de nos parents nous plongea dans une autre réalité qui ouvrit nos yeux. Nous remarquâmes  que nous ne vivions pas seulement par la force et la sueur de nos parents, mais qu’une main invisible nous protégeait du jour au lendemain. Sinon, comment expliquer qu’une famille de six enfants, avec des cousins et autres pouvait continuer de subvenir aux besoins quotidiens, sans aucune assistance et avec comme seul héritage, un petit bistrot de rien du tout et qui ferma peu après !
Je me souviens passant plus de 3 mois sans savoir où proviendrait notre ration ! Des moments de désert ! Des moments où tous les enfants, chacun dans son coin, consultaient le ciel pour demander où proviendrait la nourriture …. A maintes reprises, nous fûmes étonnés par des cas où des parentés venant de loin,  nous rendaient visite munis des provisions que l’on stockait pour tout le temps que durerait notre gap.  Et puis ils partaient !
Un jour, il arriva 17 h passée sans que nous ayons mis quelque chose sous la dent depuis le matin. La guerre faisait rage partout dans le pays. Nous siestions tous par contrainte, et nous les plus âgés ( Aline, Eloi et moi ) avions vraiment de la peine pour les petits. L’on ne pouvait approcher ni les voisins ni les parentés, qui nous avaient d’ailleurs presque abandonnés …. On préférait gérer la situation seuls, car on trouvait honteux d’exposer notre situation aux gens de peux de soucis ! On avait vidé toutes  les prières qu’on connaissait, et le sommeil de désespoir nous emportait ….  Voici que notre Père céleste qui se souvint d’Elie dans le désert se souvint de nous … N’est ce pas dans 1 Rois 17 : 6 de lire : « les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande le matin, et du pain et de la viande le soir, et il buvait de l’eau du torrent … »  
Ce jour là, une famille qui fuyait les ratissages du nord du pays débarqua chez nous pour trouver refuge. C’est l’une des rares membres de famille que l’on considérait vraiment ! D’abord parce que ils résidaient  dans une lointaine région (Makamba) où  il n’y avait presque pas d’éléments de notre famille ; ensuite ils étaient Hutu, l’ethnie qui était en conflit avec le nôtre…. 
Soudain, cette famille de déplacés changea les choses ! Elle s’installa à la maison, avec des provisions qui durèrent plus de deux semaines ! Dès que le stock qu’elle avait amené fut à plat, cette famille commença à commander tout le nécessaire (bananes vertes, volailles, haricots …) qui nous parvenait à partir de Makamba. Quand la situation s’apaisa au sud du pays,  cette famille nous quitta en nous bénissant et nous souhaitant tout le bonheur du monde …    Si elle savait ce qui se cachait derrière sa venue chez nous ! La grâce, la pure grâce  de notre Dieu, qui veille aux orphelins que nous étions et qui entends les cris et les pleurs des plus démunis …  
Les années passaient, la guerre s`aggravait…. Les gens devenaient plus méchants, plus cruels, plus irresponsables. Sur tout le territoire de mon pays bien aimée, la société devenait malade … et cela m`écoeurait (…). 

Mon combat  
Dans une société qui perd les pédales, c`était le sauve qui peut … les piliers qui soutenaient notre vie s`étant écroulés, la première chose que je sollicitais auprès du ciel était qu`il veillât à  la vie de mes frères et sœur … je vivais dans la crainte de perdre un autre membre ; c`aurait été trop.    

Ensuite, je souhaitais ardemment que nous poursuivions nos études avec succès et que tout le monde décrochât le diplôme du niveau le plus élevé. Encore une fois … illusions perdues. Ma grande sœur aînée fut contrainte par notre famille de ne point prétendre aux études universitaires, mais de se contenter du cycle court, afin de terminer vite ses études quitte à s`occuper de notre éducation. Cette idée qui me déplaisait remporta. Elle poursuivit ses études dans une Lycée Pédagogique. A l`idée que sa vie se bouclerait à la carrière d`institutrice, mon coeur doublait d`amertume.

Arriva alors le tour de mon grand frère qui, ayant brillait en sciences dans sa dernière année du secondaire, tenta la carrière militaire ayant en tête de devenir officier. Ceci ne marcha pas. Non seulement il ne put surmonter les épreuves de sport, mais aussi, son diplôme ne fut pas homologué. (...)

(A suivre)

Thierry BICWARI
Bujumbura - Burundi